L’art
basque
Cahier
de l’association Amaia, n° 5
Paru
au 1er trimestre 1970
Directeur
de la publication : Lucien Etchezaharreta
Ce
livret de 78 pages ronéotypé, sans nom d’auteur, a été en
grande partie écrit par Mikel Duvert
L'Italie,
la France... voilà des pays où l'art s'est largement épanoui. Mais
au Pays Basque ? Existe-t-il seulement un art basque ? Notre pays est
petit, son passé artistique modeste. Il n'a pas fourni beaucoup de
ces artistes incontestés qui ont enrichi l'humanité. Où se
trouvent les traces des temples, édifices imposants, etc... et de
tout ce luxe extravagant et onéreux qu'exhibent orgueilleusement les
pays voisins ?
Quelle
est la renommée d'Etxahun à côté de celle de Victor Hugo, de
Donostia à côté de Beethoven, de Darizcuren à côté des plus
médiocres pompiers du XIXe siècle français… Puisqu'il
existe des artistes... c'est donc qu'il y a un art basque, mais d'un
niveau vraiment médiocre !
Du
reste, tout le monde sait que c'est un art régional; donc
typiquement mineur, maladroit, primaire... car il est le fait
d'artistes de "seconde main", peu imaginatifs, pas très
doués... Mais arrêtons là. Tout ceci a été dit et redit depuis
longtemps. Cependant, de telles affirmations un peu légères (émises
très souvent par des "spécialistes") devaient être
combattues. Le Père Lhande, Carmelo de Echegaray, entre autres s'en
chargèrent.
L'art
basque serait régional, peut être bon, peut être mauvais, selon
qu'on le compare à on ne sait quel "étalon", fut-il Grec,
Français ou Iroquois. En d'autres termes, comprendre l'art basque,
c'est analyser l'art français et espagnol, laquelle analyse sert à
son tour de point de départ, de repère, pour comprendre ce
phénomène régional (en France et en Espagne) qu'est l'art basque.
Une telle démarche est absurde, pour deux raisons essentielles:
l'art basque est l'expression d'un peuple, il est donc national et
non régional. Issu d'un peuple, il est original.
Pour
essayer de le comprendre, il est inutile de le comparer à... mais de
l'étudier en lui-même (puis ensuite, secondairement, de le
comparer).
Nous
essayerons de comprendre l'art basque à travers l'art plastique.
Mais, cela implique la connaissance des autres arts qui sont
complémentaires et forment un tout caractéristique de l'homme
basque.
Ce
qui suit constitue donc une série de réflexions tendant à cerner
ce phénomène. Nous essayerons de soulever de nombreuses questions
et d'apporter aussi peu de réponses que possible, afin que le
lecteur se fasse lui-même l'idée qu'il veut (ou qu'il peut) de
cette expression. Notre ambition est très limitée, il s'agit
d'exposer tout simplement des réflexions (et plus précisément une
expérience en cours) assemblées selon un certain ordre qui vaut ce
qu'il vaut, et destinées à aider le lecteur dans sa démarche vers
l'art basque. C'est pourquoi ce qui suit s'intitule "A propos
d'art basque". Il ne sera question que du Pays Basque nord, dans
les exemples choisis. Il ne sera pas fait mention des artistes, ni
des oeuvres, le lecteur en trouvera une très abondante liste dans
l'ouvrage du peintre Flores Kaperotxipi ("Arte Vasco",
Editions Ekin, Buenos Aires).
Nous
voudrions citer quelques ouvrages de base qui nous ont
particulièrement aidés ; ils seront très souvent mentionnés :
Dialogue avec le visible ainsi que l’Art et l’âme de René
Huyghe, Les voix du silence par André Malraux, Philosophie de l'art
de H. Taine, Estetica vasca de
Bernardo
Estornes Lasa,
El
hombre prehistorico en el Pais Vasco de José Miguel de Barandiaran,
la revue Dantzari. La lecture de ces ouvrages est largement
insuffisante et ne saurait dispenser des nombreux kilomètres à
parcourir afin d'aller chercher l'art là où il se trouve.
Dans
la première partie, nous essayerons de cerner l'art basque, de
donner un contenu à ces deux mots. Dans la seconde partie, on
trouvera quelques constatations ainsi qu'une tentative d'approche de
quelques traits marquants de l'homme basque, et ceci à travers
l'œuvre d'art. Il s'agit donc en quelque sorte d'une démarche
inverse et complémentaire de celle utilisée dans la première
partie.
Seuls
les exemples figurés dans la seconde partie (Planches I à IX), sont
recopiés à partir de l'art populaire (nous avons largement emprunté
à Louis Colas et José Miguel de Barandiaran). Les autres ont été
créés pour illustrer le texte.
Le
fait basque. Tentative d'approche
Des
études scientifiques ont prouvé que depuis les temps préhistoriques
jusqu'à nos jours, l'homme a vécu sur la terre basque. Une race
particulière issue en grande partie de l'homme de Cro-Magnon s'est
développée, s'est structurée, a évolué sur un vaste territoire
englobant la chaîne des Pyrénées et s'étendant de l'Aquitaine à
l'Ebre. Peu à peu, ce territoire s'est réduit aux dimensions de
notre Pays Basque actuel.
Quarante
mille ans de vie commune sur ce sol ont puissamment contribué à
modeler le visage du basque contemporain. De même que la nature du
sol, ses transformations, le climat... ont caractérisé le paysage
ainsi que sa flore et sa faune qui se sont adaptés à ce pays, de
même ces facteurs d'environnement ont retenti profondément sur les
individus, et d'autant plus que l'on sait qu'ils ont toujours vécu
là.
De
tout temps, l'art a traduit fidèlement l'emprise exercée par le
milieu naturel sur l'homme: la palmeraie égyptienne se retrouve dans
les colonnes des temples de ce pays. Les chapiteaux des cathédrales
illustrent la forêt, la faune et la flore. La fougère et le chêne
ne constituent-ils pas un élément important dans la décoration
chez nous ?
Le
paysage est donc un départ de l'émotion artistique. Et l'on
pourrait multiplier les exemples. Citons seulement Pio Baroja, à
propos des brumes du paysage basque: "...Ces brumes des
montagnes sont pour moi un souvenir indélébile. J'ai oublié bien
des choses: haines et affections, choses favorables et méprisantes
sont passées en moi sans laisser de trace ; en revanche, ces brumes
marqueront mon âme pour toujours, elles ne la quittent pas et ne la
quitteront jamais…" D'autres exemples illustreraient ainsi
l'emprise exercée sur l'homme par le paysage, par sa nature, sa
couleur, sa structure, son ambiance, son énergie.
Mais,
si le milieu environnant agit en tant que tel, passivement en quelque
sorte, il implique un mode de vie particulier. Et, n'a-t-on pas
constaté que les peuples de l'ancienne Grèce, les plus ingénieux
et les plus civilisés, étaient tous marins ? La forte personnalité
des Souletins n'est-elle pas due en grande partie à une vie adaptée
à un milieu aride et hostile ?
N'oublions
pas que depuis trente mille ans, l'homme basque a vécu ici en vase
clos, ne connaissant comme paysage que le sien, comme plantes que le
siennes, et comme hommes que ses frères de race. Il a repoussé,
refusé tous les envahisseurs qui voulaient l'assimiler, depuis
l'indo-européen jusqu'au romain, en passant par l'ibère, le
celte... On a pu démontrer que des peuples s'épanouissant dans de
telles condition voyaient jusqu'à leur formule sanguine se modifier.
C'est
dans ce contexte que s'est formé l'univers mental du basque.
Mais,
ne quittons pas encore l'influence du milieu extérieur, sans
signaler une constatation banale, riche de conséquences : l'homme
prend sa nourriture dans le milieu qui l'entoure. La façon de
capturer cette nourriture (tout comme sa qualité) a aussi son
importance (les "sociétés" préhistoriques étaient
surtout basées sur un élément: la chasse. On avait intérêt à se
grouper pour mieux attraper le gibier). De plus, le basque a
pratiqué, dès l'énéolithique (2 000 ans avant JC), la
transhumance, puis, plus tard, la pêche. Il a donc été obligé de
quitter son foyer, laissant ainsi ses responsabilités à
l'etxeko-anderea. N'est-ce pas là un des facteurs qui ont fait que
la femme chez nous, a toujours eu un rôle prépondérant dans
l'organisation familiale ?
Donc,
influence du milieu naturel et du mode de vie qu'il implique sont
deux facteurs importants, mais ils ne sont pas les seuls. Il faut
tenir compte de l'homme qui vit, s'épanouit dans ce milieu, et qui a
son histoire propre.
C'est
une constatation banale de dire que l'homme basque n'est pas
n'importe quel homme, puisqu'on lui ajoute le qualificatif "basque".
Ceci implique une race, tout au moins une ethnie, une mentalité, une
langue, et tout un ensemble de qualités traduisant une certaine
force, une certaine vigueur. René Huyghe dit: "Race, le mot est
délicat à employer aujourd'hui car il s'est trouvé dangereusement
compromis par de funestes usages politiques. Il serait absurde par un
excès inverse de nier une notion aussi évidente, si sa nature reste
difficile à cerner… En fait, pour des causes que la science ne
pénètre pas encore avec certitude, il existe des groupes humains se
distinguant par des traits propres..."
Retenons
donc que les Basques constituent un groupe humain, que l'on peut
caractériser parmi d'autres groupes humains. Ce groupe manifestera
nécessairement des aptitudes propres, à sa race, mais qui ne seront
pas forcément, par définition, originales, car avant d'être
basque, il est homme.
Prenons
quelques exemples parmi toutes ces manifestations. Nous savons que
les Basques aiment se lancer des défis dans des jeux extrêmement
virils. Nous connaissons tous les aizkolariak, palankariak, harri
altxatzaleak (leveurs de pierres), le jeu de la pelote…
Hormis la
pelote, on retrouve en Ecosse des jeux similaires. Mais, les
modalités, la façon de pratiquer, de concevoir le jeu seront plus
volontiers originales: seuls les Basques ont fait du jeu de paume le
jeu de la pelote que nous connaissons de nos jours.
En
fait, l'activité du peuple basque s'est traduite par des
manifestations peu spectaculaires, mais très profondes. Cette force
vive que renferme la race orientera fortement toutes les œuvres
d'art et les moindres actions des individus. René Huyghe :
«Chaque groupe humain entend s'affirmer par un esprit propre qui
s'inscrit fatalement dans la création artistique ». Le Basque
se distinguera, se définira, depuis le simple fait de se parler, de
se vêtir, jusqu'à sa conception de l'homme, de l'univers, de
l'inconnu.
L'homme
évoluera donc dans un milieu où interféreront sans cesse de
multiples facteurs agissant les uns sur les autres, engendrant de
nouvelles contraintes où l'homme sera à la fois l'élément passif
et actif. Ainsi, la coutume, la tradition, susciteront des gestes,
des attitudes, des symboles qui, à leur tour, se répercuteront sur
l'univers mental des hommes. Alors, apparaîtront des concepts, des
relations sans cesse fluctuantes, d'individu à individu, notamment,
impliquant un dialogue d'une nature particulière, qui ne feront que
creuser le fossé et isoler davantage le groupe par rapport aux
autres groupes. L'homme singularise ce que la nature avait déjà
distingué. Ainsi, le Basque se définira comme Euskaldun,
les autres seront désormais les Erdaldun.
Toute
cette puissante originalité apparaîtra clairement dans la
littérature, la musique, la danse, la magie, la sens du merveilleux,
mais aussi dans la vie familiale et sociale: "Une sensibilité
nationale se crée", René Huyghe.
N'oublions
pas que cet homme dialoguera avec le mystère, l'inconnu, qu'il
essaiera de ramener à sa dimension, de leur donner un contenu (voir
la deuxième partie). Cette apparence aura chez nous des composantes
multiples qui s'appelleront Amaia, Ilargi, Eguzki, Atarrabi,
Mikelats, Basa Jaun, Tartaro, etc. (cf. Amaia n°2). José Miguel de
Barandiaran a même trouvé des reproductions de Mari (ou Maia ou
Amaia), dans des grottes du paléolithique moyen (il y a 12.000 ans).
C'est dire que ces fantasmes ne sont pas nouveaux pour la plupart.
L'art
exprimera les tourments de cette race, sa vie quotidienne, son
évolution dans le temps et dans l'espace. «Chaque race et chaque
siècle extrait et ordonne les éléments qui répondent à leur
attente et qui, sans qu'ils les prévoient, les signifieront», René
Huyghe.
L'art
est donc un message universel, expression de l'homme. Le fait même
de l'existence de l'homme basque (ce mot étant pris au sens fort,
par exemple à la façon dont Marc Légasse l'entend lorsqu'il parle
d'"existentialisme basque") implique nécessairement un art
basque, donc un particularisme.
Ceci
est tellement vrai que Hippolyte
Taine a pu dire: «Le génie d'un
peuple a beau se plier sous une influence étrangère, il se
redresse, car elle est temporelle et il est éternel, il tient à la
chair et au sang, à l'air et au sol, à la structure et au degré
d'action des sens et du cerveau ; ce sont là des forces vivantes
incessamment renouvelées, partout présent es que l'admiration
passagère d'une civilisation suprême ne peut ni détruire ni
entamer».
L'homme,
l'artiste, l'oeuvre
A
priori, il apparaît donc possible de définir le groupe et
d'apprécier, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, les
influences exercées sur lui et même, à la limite, de les doser.
Par toutes ces données, on pourra se faire une idée du "basque
moyen", mais son image ne satisfera guère que le technocrate et
ses statistiques, voire même le touriste. A partir de ces critères,
on pourra dire que ce "Basque moyen" possède telle ou
telle qualité biologique: proportions du corps, groupe sanguin
(typiquement O avec RH -). Il présente des penchants pour telle ou
telle activité, etc.
On
aboutit ainsi à de dangereux clichés qui assimileront le Basque à
un quelconque "Ramuntxo", "Jean le Basque", voire
un "Gorri le Diable" résolument contrebandier, romantique,
retardataire et obsédé par "les Amériques" et le goût
de l'aventure. On oublie tout simplement que le Basque est un homme
parmi d'autres de sa race. Le groupe a ses idoles et ses Judas: il y
a les équipages des chaloupes qui attaquaient presque désarmés les
croiseurs franquistes et il y a le député Ibarnegaray qui jetait
les Basques dans les camps de concentration.
C'est
dire que l'homme possède à des degrés très variables les qualités
de sa race. Il en sera de même pour l'artiste : un parmi le tout. On
a certes dit que "l'inconscient individuel se révèle
inséparable de l'inconscient collectif" et, parlant de
l'artiste, Ernest Renan est allé jusqu'à dire: "Quel est cet
homme qui vient se placer entre l'humanité et moi." En effet,
l'artiste issu du peuple parle le langage du peuple, la tradition l'a
marqué comme les autres, au moins qualitativement. L'art populaire
est là pour nous le montrer (voir la seconde partie).
Tant
que cet artiste issu du peuple restait au service de ce dernier, il
était vraiment le reflet de sa race. Le fabricant de makila, le
sculpteur de coffre, le danseur, ordonnaient, créaient des symboles,
des signes, des gestes répondant à l'attente et au goût des gens
auxquels il s'adressait. C'est ainsi que André Malraux a dit: "L'art
populaire est souvent le langage d'un artiste particulier adressé à
un peuple particulier (…). Les passés des civilisations ont des
significations différentes".
Mais,
l'art est loin d'être resté au service du peuple. Son
extraordinaire puissance a sans cesse été détourné par des
classes sociales, des castes…. privilégiées: la bourgeoisie, la
religion, l'Etat, etc. Pris dans toutes ces interférences, les
artistes seront placés devant des choix et conscients ou non, ils
subiront toute une série de contraintes.
Selon
Hippolyte
Taine, l'oeuvre
d'art est une résultante de plusieurs facteurs:
-
d'abord la race, la langue ;
-
puis ce qu'il appelle la "couche primitive" inchangée le
long de l'histoire et que l'on découvre à travers la persistance du
caractère, de l'instinct, des aptitudes, etc. Cette base commune
s'altérera et déclinera sous l'influence d'un changement soit de
milieu physique (émigration), soit de sang (croisements, conquêtes
à demeure). Notons au passage que le changement du milieu physique
peut s'opérer par une dépersonnalisation du paysage et de
l'environnement. Nous analyserons ceci plus loin.
-
ensuite, l'influence de la génération en place : sa formation, ses
goûts.
-
enfin, l'influence du moment. Par exemple, Voltaire reprochait au
Grecs et aux Romains de Racine d'être des courtisans français.
Ce
qui est important, ce n'est pas cette analyse de Hippolyte
Taine, mais de voir que l'on peut
justement faire une analyse, que cela s'impose. Nous voyons donc
qu'une œuvre d'art n'est pas quelques chose de simple mais un
endroit, un moment, où convergent et interfèrent :
conscient
- inconscient
individuel
- collectif
présent
– passé.
Ainsi,
tout artiste de souche basque et toute œeuvre de cet artiste, ne
sont pas nécessairement un reflet de l'âme basque. Il y a tout un
fossé entre le fade académicien Zuloaga ou Darizcuren et les
profonds artistes que sont Oteiza, Bergara, Arrue ou Etxebarria. Si
nous allons vers l'œuvre basque, si nous cherchons à la pénétrer,
il faudra être très prudent et se garder de nombreux pièges.
L'artiste, l'œuvre, sont uniques. La partie n'a jamais été le
tout.
Signification
et portée de l'œuvre
Loin
de nous l'idée d'envisager le possible déterminisme de l'art. Mais,
devant les peintures préhistoriques de Santimamine et Altamira et
Isturitz, devant les stèles, les coffres, les galeries d'Itxassou
(l'un des chefs d'œuvre de l'art basque), on peut se demander par
curiosité : pourquoi tout cela? S'agit-il d'actes gratuits? Ou bien
ces œuvres renferment-elles à défaut d'un message un certain
contenu?
Nous
aborderons en détail ce problème dans la seconde partie. Disons
tout de suite qu'il est très difficile de dire exactement où se
situe l'œuvre, le simple signe pouvant déjà être œuvre d'art.
Nous éviterons ce sujet qui relève essentiellement du domaine
purement subjectif et ce n'est pas notre propos.
Notre
civilisation contemporaine, plus que tout autre, a su tirer parti du
choc de la résonance que provoque en nous l'image, le signe et le
geste. Mais cette constatation n'est pas nouvelle. Dès la
Préhistoire, on retrouve dans des endroits d'accès difficile des
cavernes des représentations, des figures. Il semple peu probable
vue leur situation qu'elles aient eu des buts purement décoratifs.
Il s'agissait de véritables chapelles.
L'univers
mental de l'homme basque s'est extériorisé très tôt sous forme de
gestes, de mimiques, de symboles, de rythmes, dont la connaissance
était l'apanage des initiés: les artistes, les sorciers, les mages,
et dont l'impact, on le devine, était extraordinaire sur l'âme de
leurs contemporains.
Dès
le début, un artiste a sélectionné les thèmes, les symboles
familiers et assimilables par tous. "L'œuvre d'art apporte
l'évidence de ses images. Il suffit de les regarder et de savoir
ressentir leur muet exposé", René Huyghe. Pour pouvoir
ressentir, il faut être réceptif, mais aussi, il faut connaître.
Prenons
quelques exemples. Lorsque nous voyons exécuter Ezpata dantza,
assistons-nous à un spectacle de plus ou moins bonne qualité, ou
essayons-nous de retrouver la signification des gestes, du rythme?
Lorsque
nous regardons un coffre basque, voyons-nous une surface plus ou
moins habilement sculptée, ou essayons-nous de pénétrer les
symboles, la composition? Analysons deux coffres (Planche V n°41 et
Planche VII n°58 deuxième partie) :
1.
Coffre n°41 (Planche V): seul le motif sculpté sur le devant du
coffre a été reproduit. Nous y voyons: une ligne ellipsoïdale
entourant des motifs, c'est la limite de l'univers. Au sein de cet
univers gravitent deux astres, eux-mêmes cernés par une limite de
même nature que celle de l'univers. Au centre se trouve le calvaire
dont l'élément central est la croix du christ. Les trois croix
elles, ne seront pas limitées. Le contenu de ce coffre apparaît
clairement : l'univers est limité, les astres sont limités; au sein
de cet ensemble, le message transmis par le calvaire ne supporte pas
de frontière.
2.
Coffre n°58 (Planche VII) : la surface de coffre, la taille et
la disposition des éléments décoratifs dépendent d'une longueur
de base que nous avons appelée 1. Même les côtés des carrés
composant la croix, élément central, sont fonction de cette
longueur 1. En d'autres termes, connaissant la valeur 1 = 13 cm, on
peut ainsi reconstruire tout le coffre.
L'artiste
qui a réalisé cette œuvre, l'avait conçue de façon mathématique.
Il a fallu qu'il taille ses planches en fonction de cette unité de
base; qu'il conçoive et dispose sa décoration de façon rigoureuse.
L'harmonie admirable de ce coffre est due en dernière analyse à
l'application de certaines règles mathématiques (n'en serait-il pas
de même pour certains édifices basques ?...)
Il
est certain que cette œuvre est le fait d'un artiste de première
main. La disposition générale des motifs n'est pas très différente
de celle observée sur la plupart des stèles. Les quatre cercles
hachurés représentent des soleils semblables à celui illustré n°1
(2ème partie). Leur position conditionne celle de la croix ; en
effet, le centre de cette dernière se trouve très exactement à
l'intersection des diagonales d'un rectangle formé par les quatre
centres des soleils. Cette croix est à peine visible (n°59): les
carrés la composant différent assez nettement des voisins. On peut
donc penser que ce motif (ainsi que tout le coffre) se situe à
mi-chemin entre le réalisme et l'abstraction (voir la seconde
partie). Les autres secteurs hachurés représentent des fleurs.
Certaines
œuvres seront en dehors de tout message qu'elles peuvent apporter,
la résultante d'un métier, d'une technique particulière, d'une
certaine tradition, de normes, de concepts, dont la connaissance sera
capitale pour ceux qui voudront à leur tour créer.
Dans
notre Pays Basque nord, l'art populaire a essentiellement vécu
d'emprunts, comme l'art de tout pays. En ce domaine, plus qu'en tout
autre, qui peut prétendre ne rien devoir à son voisin ? Il a pris
des éléments chez lui, mais aussi ailleurs, et les a assimilés et
intégrés à sa forte personnalité. L'homme basque a souvent fait
ainsi: se définir par rapport à la diversité qui l'entoure,
trouver l'homogénéité dans le disparate.
Sur
le plan artistique, d'autres groupes humains ont eu la même
tendance. Un exemple frappant se trouve dans le mobilier où chaque
région a son style propre, mais où les styles régionaux se
ressemblent. Surtout à force d'emprunts réciproques.
En
France, tous les meubles issus de l'art populaire (ou des usines
modernes anonymes) sont sottement qualifiés de "rustiques".
Cette espèce de mythe à la mode tendra à disparaître aux yeux du
spécialiste qui saura distinguer par des critères bien précis.
Chez
nous, mise à part l'extraordinaire floraison durant la préhistoire,
on trouve peu de choses jusqu'aux périodes romanes puis gothiques,
exception faite de stèles, peut-être quelques pièces de mobilier
et des édifices —parfois des "fragments d'édifice"—
publics ou religieux sont arrivés jusqu'à nous).
Il
ne faut pas oublier que notre pays sera ravagé pendant plus de mille
années de guerres, invasions, soulèvements, etc. et que la
sensibilité artistique ne trouva pas un terrain très favorable pour
s'exprimer tandis que les seuls vestiges qui auraient pu demeurer
étaient anéantis dans les dévastations incessantes.
A
partir de la fin du Moyen Age tumultueux, l'art se concentrera
désormais sur trois points essentiels (il faut signaler également
que c'est alors que la christianisation s'est achevée): la maison
(l'etxe) , l'église, le cimetière. Alors, à travers
l'anonymat des artistes, et leur diversité, apparaîtra une
extraordinaire unité d'expression (voir la deuxième partie).
Donc,
au Pays Basque, point de temple ou d'édifice imposant... Philippe
Veyrin a pu dire que notre pays est "un lieu de passage, aucune
influence n'a pu s'y maintenir de façon durable. (…) L'artiste
imagine peu, mais transpose dans le goût traditionnel".
Notre
peuple manque-t'il donc d'imagination, de sensibilité? N'a-t-il pas
le sens du grandiose? Cette force vive que renferme la race est-elle
donc impuissante, incapable de concevoir et de créer ces grandes
réalisations qui frappent nos esprits? Mais, la question n'est pas
là. Depuis quarante mille ans, la terre a vu des civilisations
puissantes se succéder, laisser des œuvres d'art merveilleuses,
puis disparaître (Etrusques, Ibères). Le Basque, lui, est toujours
là, bien qu'aucune de ses œuvres ne figure parmi les sept
merveilles du monde.
Comment
cet art a-t-il pu venir jusqu'à nous ?
Comment,
dans ce pays écartelé, dispersé au gré de mariages royaux, des
droits de succession, compromis dans les querelles de ses voisins,
comment un art a-t-il pu se maintenir? Car l'art basque s'est
essentiellement maintenu; les circonstances historiques l'ont empêché
de ses développer, de s'épanouir et de donner sa pleine mesure.
Depuis le paléolithique, une forme de culture populaire identique et
constante dans son essence a pesé de tout son poids sur des
générations d'individus. Le peuple s'est forgé un univers mental
particulier, dynamique, qui, a son tour, crée de nouvelles
motivations et attitudes.
Les
différentes périodes qui se succèdent imposeront autant de
formalisme. L'hérédité sera le support d'une lente maturation.
Durant ce long processus que nous appelons la tradition, "l'habitude
deviendra l'instinct et l'acquisition deviendra hérédité".
Ainsi, l'art basque a été un phénomène essentiellement dynamique.
Chaque époque apporta le thème, la technique, la vision, la
conception. La tradition populaire assura la continuité.
Cet
art, né dans le peuple, est resté propriété du peuple, «Il a
toujours vécu ignoré de l'ennemi», Bernardo Estornes Lasa. C'est
l'homme basque anonyme, c'est le peuple, qui a crée cet art que nous
connaissons. Faute de structures basques stables et permanentes, cet
art n'a jamais pu atteindre sa pleine mesure. De plus, même à
l'époque de l'unité basque, au temps du royaume de Navarre, nos
rois n'ont guère favorisé ce phénomène.
Ainsi,
en l'absence de toute structure valable, donc de l'émulation et des
besoins qu'elles auraient dû susciter face au défaitisme de nos
dirigeants (à commencer par les rois basque eux-mêmes), l'art ne
s'est jamais élevé au-dessus du niveau populaire. Et, les fortes
personnalités qui se sont dégagées n'ont pas toujours résisté à
la tentation d'être des Espagnols ou des Français plus ou moins
basquisants. Et même pire, certains ont renié ce qu'il y avait de
basque en eux. Il y eut cependant quelques innovateurs, mais
tragiquement isolés et sans postérité.
En
résumé, l'art basque existe. Son existence s'impose à nous comme
étant un phénomène aussi naturel que celui de parler, que celui de
respirer. Cet art reflète non seulement les forces de la race, mais
aussi les innombrables influences auxquelles elle est soumise. Il se
manifeste à travers certaines techniques, par des hommes qui ne sont
pas nécessairement des porte-paroles du peuple. Ces manifestations
ont revêtu des caractères extrêmement divers, et à travers elles
on peut se faire une idée de l'évolution de l'homme basque et de
son univers mental.
Le
Basque de 1970 se présente comme un composant de ce phénomène
qu'est l'évolution du peuple basque depuis des millénaires. Ce
n'est qu'un point sur la courbe, mais pas n'importe lequel. De lui
dépend l'ascension, la stagnation ou la chute de la courbe. Nous
avons une énorme responsabilité vis à vis de notre passé et de
notre futur. Le passé a fait ce que nous sommes, à nous d'assurer
le présent et le futur. En vertu de quoi nous permettrions nous
d'arrêter ce processus naturel ?
Sauvegarde
La
sauvegarde de notre patrimoine artistique se déroulera sur plusieurs
fronts. Elle impliquera entre autres: la connaissance précise des
œuvres existantes et notamment des plus menacées ;
l'entretien des œuvres ; la préservation du contexte pour
lequel elles ont été conçues. Une stèle doit être protégée
contre les injures du temps. Mais, conçue pour le cimetière, sa
place est là, pas ailleurs. C'est dans ce contexte qu'elle conserve
tout son sens. Sinon, elle devient une simple curiosité, un objet de
musée, une pièce de catalogue.
Si
l'on veut qu'un monument, une maison, gardent toute leur
signification, il faut, non seulement que leur intégrité soit
respectée (pauvre maison des Templiers à Irissarry transformée en
succursale Guyenne et Gascogne !), mais aussi le paysage qui
l'entoure, sa couleur, son originalité (éviter de construire des
immeubles impersonnels qui détruiraient le caractère du paysage).
Sur ce point, on devrait obliger les gens, tout comme en Bretagne, à
construire des édifices selon le style et les caractéristiques
propres du pays, mais les architectes en seraient-ils capables ?
De
même, on évitera de jouer à l'accordéon et au trombone des airs
basques qui manifestement n'ont pas été créés pour cela. On
évitera également la création de groupes de danse possédant une
méconnaissance totale de leur métier et transformant le folklore en
usine à spectacle. On ne perdra pas de vue que l'expression basque,
l'art, s'adressent aux Basques et non exclusivement aux touristes. On
s'attachera également à ne pas confondre culture basque et culture
française et sauvegarder ainsi son originalité, point de départ de
l'art.
Victor
Hugo, même traduit en basque, n'est-ce pas toujours du Victor Hugo ?
Une de nos préoccupations essentielles sera de donner aux gens une
véritable conscience et par là un respect des œuvres d'art et
d'eux-mêmes.
On
évitera de nombreuses négligences, comme par exemple: stèles
cassées servant à empierrer les sentiers et les murs de clôture ;
stèles vendues faisant l'objet d'un trafic scandaleux (il faudrait
tenir un décompte très précis des stèles et sanctionner ces
trafiquants) ; magasins dans les maisons historiques
(Irissarry…) ; châteaux en ruine qui s'écrouleront un jour
(Beyrie) ; restaurations abusives, mal conduites (crépissages
de maisons à poutres apparentes à Bayonne, etc.) ; vieux
édifices abattus ; mobilier pillé par ces rapaces modernes que
sont les antiquaires, etc.
C'est
un devoir impérieux pour tous d'assurer la conservation et la
transmission des œuvres qui font partie intégrante du passé et du
futur du peuple basque et de tout homme quel qu'il soit. Mais que
savons-nous de toutes ces œuvres? Avons-nous l'amour propre
nécessaire pour avoir une connaissance profonde de notre art ou nous
sommes nous arrêtés à de vagues coups d'œil très superficiels?
Ecoute de quelques disques pris au hasard, photographies de stèles,
maisons vaguement parcourues du regard, histoire d'être au courant,
spectacles vus sous l'angle d'un simple divertissement, etc.
Nous
devons avoir connaissance de l'art basque sinon il serait illogique
de lutter pour le maintien d'une chose que nous ignorons totalement !
Enfin, n'oublions pas que sauvegarder l'art basque c'est aussi créer
et par là, développer, enrichir, et assurer la continuité de
l'expression basque.
Coup
d’œil sur l’art contemporain au Pays basque Nord, arts
plastiques
Seuls
quelques exemples serviront à démontrer, si besoin en est, dans
quelle indigence nous sommes tombés. Cet art qui s'était
cristallisé autour de trois foyers : la maison, le cimetière,
l'église. Qu'est-il devenu ?
La
maison
Par
une généralisation abusive, et une méconnaissance totale de notre
art architectural, on a gardé comme prototype du style basque, la
seule maison labourdine, la plus tape à l'oeil. L'agencement des
poutres apparentes sur les façades a perdu tout son sens et sa
signification. On a confondu art et exotisme. De là, cette abondance
de maisons à façade quelconque, rayées n'importe comment de rouge
et vert, etc. mais rayées tout de même, car "ça fait
basque"... (voir 2ème partie).
Parmi
tous ces architectes insignifiants, certains ont essayé tout de même
de faire évoluer le style basque et nous ont laissé de bons
exemples. Mais, il s'agit de ces isolés qui n'ont guère fait école.
La maison que l'on construit actuellement est d'un style
passe-partout, résolument "moderne", sans visage, sans
âme. Au rythme où vont les choses, nous vivrons dans un contexte
dépersonnalisé, une ambiance étrangère, imperméable. Que dire
des magnifiques dessus de porte sculptés ?... eux aussi ont disparu.
La
stèle
Peu
à peu, elle est devenue une simple surface de pierre grattée,
reprenant de vieux thème éculés (parfois, pour toute la stèle une
croix qui, accidentellement peut être basque…). La stèle a
dégénéré, elle n'a pas survécu malgré de rares tentatives très
intéressantes.
L'église
Elle
est devenue impersonnelle. La Basque est condamné à prier dans un
édifice et dans un contexte étrangers. Parmi ces architectes
incapables de concevoir autre chose que des cubes plus ou moins
troués, que l'ennui, la laideur et la facilité, il en existe
quelques uns heureusement capables de restaurer nos vieilles églises,
à Lantabat par exemple).
Le
mobilier
C'est
le néant. Le meuble basque est mort depuis longtemps. Seuls
surnagent quelques productions scandaleusement appelés "style
basque" dont le caractère essentiel est de maculer armoires et
buffets de pénibles dorures, de lourdes ciselures indigestes mais
résolument "rustiques". Là aussi on a confondu art et
exotisme. Partout se trouvent désormais des meubles se voulant de
style basque... il n'est donc plus nécessaire d'être basque et
d'avoir pénétré ce pays pour faire une œuvre basque... ! Avis aux
Suédois, Papous et Iroquois, le champ est libre... et vive le style
basque !
L'objet
familier
On
ne l'achète plus qu'au Monoprix. Seuls, quelques productions
décevantes peuvent encore faire illusion.... sans parler de ces
boîtes, coffrets, et autres trucs où sont gravés les profils
débiles et séniles de Manex et Kattalin, pour "faire basque".
Quelques individualités essayent cependant de faire quelque chose.
La
peinture
Tous
ces salons à nom basque sont des lieux d'épanouissement de la
tristesse et de la mièvrerie. Ces personnages très en vue que l'on
veut bien considérer comme les artistes basques sont absolument
insignifiants, sans imagination. Ils sont la négation même de l'art
basque. Quant aux autres "artistes", leur seule ambition
est de vendre n'importe quoi, le plus cher possible, de piteuses
basquaiseries, tableaux de corridas… Ajoutons à cela qu'il
n'existe aucun critique valable et compétent. Le seul, le plus lu,
le plus connu, est aussi capable de louer avec les mêmes termes les
génies comme les plus insignifiants.
Remarque:
il faut mettre à part le cas de l'école bayonnaise, dont les
éléments principaux sont parmi les meilleurs peintres de notre
temps. Mais, leur recherche se situe très nettement en marge de
l'art basque comme celle de quelques artistes isolés.
Les
groupes de danse folkloriques
A
travers les sept provinces, les groupes abondent. Mais, est-ce un
signe de vitalité ? Evitent-ils de tomber dans des pièges grossiers
tels que: tendance à l'abstraction, à faire de l'art pour l'art et
se couper ainsi du peuple, dont le folklore est l'émanation ;
tendance à perdre la signification de la danse et de son
expression ; devenir une machine à spectacle : la danse ne sera
qu'un moyen qui rapportera de l'argent et non un rite, un thème
populaire ; la technique médiocre (car la danse, elle aussi,
implique un certain métier), soit par incapacité, négligence ou
ignorance ; le groupe folklorique est-il voué à danser
éternellement Ezpata dantza ? A quand la création d'un folklore
vivant répondant à l'attente des basques du XXème siècle. Des
tentatives semblent se dessiner.
Le
bilan est désastreux. Il n'incite pas à l'optimisme. Les causes de
cette décadence semblent de deux ordres : générales et
particulières au peuple basque.
Générales,
car l'artiste n'est plus l'artisan. Il s'est retiré dans une superbe
solitude, il s'est coupé du peuple. Plus que jamais, il se veut, non
plus le porte-parole du peuple, mais de lui-même, c'est une vedette.
"Il n'y a plus d'art populaire car il n'y a plus de peuple".
En effet, le peuple n'a jamais été la populace: l'un est
homogénéité, l'autre le disparate. Et, pour cette populace là, la
télé, l'ennui, l'uniformité, la banalité, la publicité, etc.
Populace sans passé, sans futur, déracinée.
Particulières
: la carence de l'art basque est aussi le fait de notre peuple de
part la pénétration en force d'idées étrangères, de la
méconnaissance du fait basque, ainsi que de l'absence de réflexion
et de stimulation que cette connaissance devrait susciter. Le Basque
vit de plus en plus dans un milieu qui n'est plus le sien, au milieu
d'objets sans caractère, d'idées, de concepts qui lui sont
parachutés, bref, dans un contexte essentiellement étranger. Il est
ainsi obligé de plus en plus de s'exprimer, de concevoir, à travers
un univers, un langage qui ne tiennent plus compte de lui.
A
part quelques cas isolés, les artistes seront ainsi livrés à
eux-mêmes, accélérant le processus de dégradation et n'offrant au
spectateur que le spectacle désolant de leur dépersonnalisation.
Coupés de tous substrat, ils ne seront que des basquisants.
Devant
cette absence de stimulation, l'artiste ne fera que recopier ce qui
avait été déjà fait : il reprendra des symboles, signes, rythmes,
d'une autre époque. Il se mettra de lui-même en marge du peuple,
qui, non seulement se lassera, mais le rejettera, et se tournera de
plus en plus vers l'impersonnel ou vers des mandarins le plus souvent
incompétents, éblouissant les gens par leur incapacité qui n'a
d'égale que leur ambition. Privé de ses éléments de pointe, le
peuple retombera dans une léthargie mortelle.
Une
autre cause de déchéance, c'est paradoxalement la forte
personnalité de l'homme basque. Elle le conduit ou on fait en sorte
qu'elle le conduise... à sa perte. Il est devenu un objet curieux,
un divertissement, une pièce de musée, un spectacle. Le mal
implacable qui le frappe s'appelle entre autre : tourisme,
avilissement, déviation et perversion de notre peuple. L'étranger,
dépaysé par l'art basque, n'y verra que le côté exotique,
spectaculaire, bizarre. La tentation est forte, alors, on se vend. Et
lorsque l'on n'a que cela pour survivre.… Alors que la langue reste
imperméable au touriste, l'expression artistique orale sera
largement épargnée (entendons par là que ce n'est pas le tourisme
qui le tuera directement), l'art pictural, le folklore, seront
impitoyablement sacrifiés. On les vendra, on les exhibera... ça
rapporte! L'artiste devient marchand.... maquignon.
Ajoutons
à cela que tout art régional est résolument "rustique",
un peu bébête, mineur, parfois gentil, parfois "marrant",
selon les avis. Voilà ce que l'on va vendre aux étrangers! Le
culte de la mièvrerie s'instaure. Cet état de fait a pénétré la
mentalité et l'art est systématiquement détourné de ses buts. La
peinture, les arts décoratifs, le mobilier, etc. cherchent à priori
à plaire aux autres pour être vendus (on peut appeler ça de la
prostitution) et ces sortes de "productions artistiques" ne
sont que de piteuses basquaiseries livrées en pâture aux touristes
quelques mois (deux) par an, et aux indigènes douze mois sur douze.
Parallèlement,
se développe un autre scandale : nombre de fabriquants de meubles,
d'architectes, etc. sont des étrangers. On voit mieux pourquoi
abondent tous ces
xahakoa-gourde-porte-monnaies-rappelant-le-souvenir-du-Pays-Basque et
autre machins à Manex et Kattalin. Tous les excès sont permis.
Mais,
malgré tout la situation n'est pas désespérée. Nous avons de quoi
lutter, et c'est le problème de la création que nous effleurerons
dans cette dernière partie. Nous devons tous avoir conscience de ce
problème, car c'est de nous et de nous seul que dépendront la
conservation, l'enrichissement ou la disparition de ce contexte, de
ce fait basque vieux de quarante mille ans.
La
création
Le
problème de la création nous amènerait à aborder des domaines
extrêmement variés où il est très difficile d'en débattre. Il
n'y a pas de recette pour faire de la peinture basque ni de la
sculpture ni du mobilier. La création d'une œuvre basque implique
que l'on s'imprègne du fait basque, qu'on le connaisse, qu'on le
médite. Il faut donc se plonger dans un contexte bien défini, en
faisant abstraction de tous ce qui n'est pas basque.
Il
s'agira de se retrouver et de se définir. C'est après ce "retour
aux sources", mais seulement après (et ne comptons pas sur
l'éducation artistique que nous avons reçue pour entreprendre cette
démarche) que si l'on est prédisposé et formé, que l'on tentera
de parcourir ce chemin qui débouche sur la création. "En tant
que créateur, l'artiste n'appartient pas à la collectivité qui
subit une culture, mais à celle qui en élabore une", André
Malraux.
Tous
comme Sorozabal qui est parti de la chanson populaire, toute création
basque sera nécessairement précédée d'une approche de l'homme
basque. Jorge Oteiza est allé jusqu'à la définition même de
l'homme basque, et c'est à partir de cette étape qu'il la retrouvé
et l'a si magistralement transposé dans la sculpture. Il est certain
que le sculpteur de stèles, de coffres, n'avaient pas besoin
systématiquement d'effectuer ce retour aux sources. Pour eux, le
fait basque était quotidien, naturel, et leur collait à la peau.
L'oeuvre
basque sera donc une création ou une adaptation personnelle, dont le
point de départ sera l'homme basque. Il s'agira de transposer et
d'être l'élément moteur, dynamique de cette expression.
ILARGIA
la lune
EGUZKIA
le soleil
ATZO
ORAI hier aujourd'hui
Introduction
Un
examen, même très superficiel des stèles, meubles, fait ressortir
l'extraordinaire abondance de la représentation (outre la croix) du
soleil et, à un degré moindre, de la lune et des étoiles. Cela
n'est guère surprenant, puisque ilargia (la lune, ou littéralement,
la-lumière-des-morts) et eguzkia, sont filles d'Amaia, la
déesse-mère (revoir à ce sujet la revue Amaia n° 2). Cette
constatation va nous servir de prétexte ; en effet, nous allons
aborder successivement :
-
le soleil : les différentes formes sous lesquelles il est figuré ;
-
la lune : nous ferons de même ;
-
quelques symboles, soit purement décoratifs, soit à contenu
magique,
-
enfin, nous verrons de quelle façon cohabitent symboles païens et
chrétiens sans qu'il soit toujours possible de savoir si les uns ont
plus autant ou plus de valeur que les autres. Nous verrons également
que ces deux grandes familles peuvent être volontairement confondues
et parfois nettement séparées.
Cette
lutte entre paganisme et christianisme, ce conflit intérieur, cette
empoignade sauvage entre deux mondes surnaturels, le sculpteur de
coffres ou de stèles les traduira à sa façon, par un certain
langage, parfois fruste, élémentaire, mais puissant, sans
fioriture. C'est le langage du peuple.
Dans
un dernier point, nous essayerons de pénétrer davantage l'œuvre en
suggérant des relations entre les œuvres récentes et d'autres,
datant de la préhistoire.
1
- Variations sur les thèmes eguzkia ilargia
Les
artistes basques ont donné au soleil, et plus généralement aux
astres des aspects très variables. Parfois, dans le corps de l’astre
figure une tête d’apparence humaine (n° 42 b Planche VI), soit
animale (n° 21 Planche II).
Ceci indique clairement les soucis de
l’artiste de ramener à sa dimension la figuration de ces
puissances surnaturelles auxquelles il croit et qu’il vénère.
L’art chrétien ne représente-t-il pas Dieu sous forme d’un
vénérable vieillard barbu et le Saint-Esprit sous la forme d’oiseau
? Le plus souvent, les formes du soleil sont beaucoup plus complexes.
Cette complexité est liée à un souci de décoration.
Typiquement,
l’astre représenté avec un corps et des rayons: n° 1-7-11-12-13-15-16, ces derniers pouvant se disposer en
plusieurs couronnes (n° 5 et 10). Souvent cette figure divisée en
deux demi-circonférences (n° 2a et 3a Planche I), d’étendues
variables (n° 4 qui est issu du n°7) qui s’assemblent en
éventails plus ou moins complexes (n° 2 b, 3 b et 4). Ces figures
sont répandues sur le mobilier.
L’aspect
typique ‘corps + rayons ‘ présente de nombreuses modalités : le
corps de l’astre peut être absent, parfois, à sa place, figure un
motif décoratif (n° 37 Planche V) ;
- les rayons peuvent
s’incurver (n° 6 et 8 Planches I) et prendre une remarquable
disposition spirale (n° 9 Planche I) ;
- le rayonnement de
l’astre peut être figuré de façon très libre : l’astre prend
alors la forme d’une étoile (n° 13 et 16 Planche II) ou d’une
fleur (n° 11, 15, 18, 19 et 44, Planches I, II, VII).
Remarque
Parfois,
les rayons sont absents (n° 14 et 38 Planche V, n° 36 Planche IV,
n° 30 Planche III).
Cette figure peut être celle de la lune
(entourée de son halo) et représentée plus classiquement sous
forme de croissant (n° 23 à 25 n° 27, 28, 29, 31 Planche III, n°
33 et 53 Planche VIII).
Les images " en virgule " figurées
(n° 34 et 35) en sont-elles dérivées ?
Souvent, le croissant est
associé à une tête humaine (même remarquable que pour le soleil)
: n° 42 a et 26. Ce dernier exemple figure une église.
Les
représentations du soleil sont extrêmement abondantes et variées.
Cette diversité est parfois déroutante. Comment concevoir un lien
entre la figure 42 b et 20 ? Il existe d’autres variantes sur le
thème du soleil.
Nous n’avons choisi que quelques exemples qui
montrent que les artistes basques n’étaient pas dénués
d’imagination. De plus, il serait très intéressant de le comparer
à d’autres symboles tels que les Vikings, Mésopotamiens,
Irlandais, Ecossais, etc. Ces quelques exemples nous montrent surtout
comment l’image même du soleil, que le Basque vénérait, a été
assimilée puis transposée par lui.
2
- Quelque symboles et signes
Dès
la préhistoire apparaissent sur les différents objets, des dessins
dont certains semblent posséder un but purement décoratif (n° 48 à
51 Planche VIII), et d’autres un contenu obscur pour nous (n° 53).
Certains
signes rappellent étrangement ceux gravés sur des stèles (comparer
les stèles n°46 et 47 aux signes 48 à 51). En outre, certaines de
ces stèles ont un contenu païen très net: n° 53, sur lequel nous
ne nous attarderons pas (pentalphas, sceau de Salomon, diverses
rosettes, etc.).
Tous
ces signes, symboles, croyances faisaient intégrante de l'ancien
basque. C'est sur ce substrat extraordinaire, vieux d'au moins 10.000
ans que va venir se greffer le christianisme, il y a à peine huit
siècles ! Nous allons assister désormais à une lutte entre ces
deux mondes, ces deux tendances. Le christianisme triomphera par la
force des choses, mais, le substrat basque ne sera pas anéanti pour
autant, il va se cacher et tout en faisant semblant de capituler, va
composer et apparaitre sous d'autres formes.
3
– Christianisme, paganisme
Nous
allons analyser ce conflit en étudiant quelques exemples. Le lecteur
pourra comparer les numéros 43, 60 et 45, .... et essayer de trouver
d'autres exemples.
a
- Coexistence
Stèle
n° 31 : bien qu'une face de la stèle représente la croix, le
forgeron a placé ses outils (de gauche à droite, le soufflet, les
tenailles, le marteau) sous la protection de la lune. Les
figures 42 a et 42 b sont représentées sur le piédestal de la
croix de l'église d'Hendaye.
Stèle
n° 29 : autour de la croix du christ se trouvent la rouelle solaire,
le soleil —ou une étoile, c'est à dire un astre— la lune, ainsi
que l'image étrange ressemblant à des planètes gravitant autour
d'un astre (à moins qu'il ne s'agisse de l'image de baratz
(cromlechs) mais ce dernier ne peut-il pas être une image de sorte
univers ?
Stèle
n° 30 et 32 : quatre soleils et la croix. Remarquons la façon
curieuse dont se terminent les bras de la croix, comme s'il
s'agissait de quatre croissants de lune, voir le schéma.
Stèle
n° 27 : on distingue entre autres, des lunes et des soleils.
Stèle
n° 28 : elle est très curieuse. Sur le registre supérieur figure
le calvaire ; la croix du Christ, élément central, est le plus
important. De même, sur le registre inférieur figurent deux lunes
encadrant un grand motif central où on retrouve deux lunes face à
face, séparées par un signe, un arbre ? Ces mêmes éléments sont
repris séparément sur le pied de la stèle. Le parallélisme entre
les deux registres est frappant; d'autre part, il balaye l'hypothèse
selon laquelle lunes et soleils représentés sur les stèles
seraient exclusivement décoratifs.
Stèle
n° 33 : entre les deux bras de la croix, rouelle solaire, lune et
étoile.
Stèle
n° 34 et 35 : des astres, des étoiles, et des "virgules",
(des lunes ?).
Stèle
n° 36 : dans cette croix, l'élément central est le soleil.
Rapprochons cette représentation de la figure 37. Il est entouré de
trois croix basques (chacune étant formée par l'association de
quatre "virgules"). La croix du Christ, reprise, est
reléguée au second plan.
En
résumé, nous assistons là à un "christianisme mal digéré"
encore imbibé le paganisme, ou vice-versa. Bien que la croix soit
parfois l'élément le plus important de la stèle : position
centrale ou taille plus grande, il semble que le défunt a tenu à
s'assurer les bonnes grâces du nouveau Dieu... et de ses anciens
mythes.
b
– Complémentarité
Certaines
représentations marquent l'affaiblissement et la déviation des
anciens mythes au profit du christianisme. Nous avons vu l'exemple
(Planche V n° 41, voir la 1ère partie). De même, la stèle n° 40
pourrait se "lire" ainsi: le Christ est le centre du monde,
de l'univers, comme l'indiquent les astres gravitant autour de la
croix.
C
- Fusion
Les
anciens mythes ne capituleront pas. Le christianisme sera obligé de
les englober dans leur intégrité. Le Christ est tout simplement
assimilé au soleil : n° 17, Planche V. De même, il est tout
naturel que l'ostensoir du n° 39 prenne la place du soleil (n° 37
et 38).
C'est
de façon tout à fait arbitraire que les exemples choisis ont été
groupés selon trois types; ils représentent certainement trois
niveaux dans l'évolution de l'univers de l'homme basque. Ces niveaux
ne correspondent pas toujours à une chronologie bien établie, les
trois pouvant, par exemple, être présents au même moment.
Remarque
: il faut signaler ici un piège dans lequel sont tombés et tombent
régulièrement tous les génies fabriquant des meubles, maisons et
autres œuvres de styles "basque". Si l'on analyse par
exemple, la stèle n° 32, on voit qu'elle se compose d'une croix et
de quatre soleils.
On peut donc la dissocier en ces éléments
constitutifs afin de mieux la pénétrer. Mais, il ne faut pas
s'arrêter à cette simple constatation, sinon, notre démarche sera
incomplète et signe d'impuissance —impuissance d'aller au delà du
signe, de la forme— pour en saisir le contenu affectif. Isoler ces
éléments revient à enlever à une œuvre tout son sens et en fait
tout son "style" basque. Par exemple, mettre des soleils et
des croix un peu partout sur des meubles ou peindre des rayures sur
une maison ne sera que l'application d'une recette qui n'a rien à
voir avec la création d'une œuvre basque.
Les
quatre soleils et la croix ont été conçus pour décorer une stèle,
elle même conçue pour le cimetière, et fabriquée par un homme, à
une époque donnée, possédant une technique particulière. Cette
stèle n'est donc qu'une péripétie dans l'expression basque, un
moment ; elle n'a rien d'absolu. Connaissant ce conflit
paganisme-christianisme, certaines stèles deviennent d'une lecture
ambiguë. Prenons seulement deux exemples : Planche VI et VII.
Stèle
44 : elle est bien représentée en Labourd. Cette stèle était au
cimetière d'Urcuit il y a trois ans ; depuis elle a été volée. On
y voit une croix très stylisée dont le centre est occupé par un
soleil autour duquel gravitent huit astres. La croix et les astres
sont tellement stylisés que leur sens très affaibli est appelé à
disparaître (comparable à la croix n°59 Planche VII).
C'est la
faillite de deux univers qui perdront peu à peu de leur puissance,
de leur contenu. C'est le triomphe de l'abstraction, de la virtuosité
de l'artiste. On peut de même comparer, une croix puis les n° 43,
60 et 45.
Stèle
n° 43 : très fréquente à Itxassou.
On peut voir deux versions :
une grande croix décorée à l'aide de cinq cercles, de part et
d'autre de laquelle figurent les quatre clous ayant servi à
crucifier le Christ (n° 43a) ; on peut aussi y voir quatre croix
superposées ;
- mais, également, cinq symboles disposés en
croix du type représenté au n° 20, et connu sous le nom de rouelle
solaire. Quant aux quatre motifs circulaires, on en retrouve de
semblables sur des stèles (exemple : 43 b ou 30 et 32), ainsi que
sur des gravures de grottes préhistoriques (n° 43 b et 52).
Curieux
parallélisme que la croix du Christ et les rouelles solaire
disposées en croix. Les deux univers (chrétien et païen) se sont
superposés. Leur pouvoir est renforcé... ou affaibli.
Voir
également le numéro 60, en page de tête. Notons au passage la
constance dans l'organisation générale, la disposition des motifs
(la composition, la mise en page) de la plupart de ces stèles... et
de cette gravure de l'âge du fer (n° 52), faite il y a 3000 ans.
Est-ce que cela ne correspond pas à quelque chose de profond ?
4-
De la préhistoire à nos jours :
Nous
avons vu que des signes (certains possédant un contenu magique, n°
53) se retrouvent sur des objets préhistoriques et sur des stèles
(Planches VIII).
Que
penser alors de la gravure circulaire de Santorkaria (n° 52), dont
l'aspect évoque tant une stèle?
Cette
ressemblance est-elle exclusivement due au hasard? Peut-être, mais
comparons ceci aux stèles. Ces deux types d'œuvres, de
réalisations, enfermés dans des cercles (malgré leur signification
et leur contenu distinct) ne sont-elles pas organisées selon les
même lignes directrices? Comme si cela correspondait à quelque
chose d'instinctif, à on ne sait quel besoin profond (voir les
exemples 43 b).
Allons
encore loin (Planche IX). Que penser de la ressemblance entre cette
stèle du XVIIe siècle et les gravures sur os découvertes
à Isturitz et datant du magdalénien. Ces œuvres sont séparées
par 10 000 années. On dirait que c'est le même artiste qui les a
conçues : même conception, même travail de l'arabesque, signes
pratiquement identiques, adaptés soit pour décorer une surface
ronde et plate (stèle) soit un volume allongé (baguette). De plus,
il faut remarquer ces sortes de cercles que l'on retrouve sur la
stèle n° 53, sur la gravure de Santorkaria (n° 52) sur les stèles
n° 30, 32, 34, etc.
La
gravure de Santorkaria, les baguettes d'os d'Isturitz, les stèles,
les poutres sculptées de nos églises, nous montrent que dans le
domaine des arts plastiques, l'homme basque n'a pas rompu avec son
passé.
A
travers l'œuvre, nous saisissons parfois une sorte de fil
conducteur, quelque chose d'eternel, que nous ne saurions ignorer si
nous voulons, à notre tour, créer, continuer, ou simplement
comprendre l'art basque.
Tables
des matières
Avertissement 10
Première
partie : à propos d'art basque 13
Le
fait basque, tentative d'approche 14
L'homme,
l'artiste, l'œuvre 19
Signification,
portée de l'œuvre 24
Planche
V 27
Planche
VII 29
Le
passé 32
Continuité 35
Sauvegarde 38
Coup
d'œil sur l'art contemporain 43
La
création 50
Deuxième
partie : gurutzea, eguzkia, ilargia. Atzo. Orai. 53
Introduction 56
Planche
I 57
Variations
sur le thème eguzkia – ilargia 59
Planche
II 61
Planche
III 63
Quelques
symboles et signes 65
Christianisme
et paganisme 65
Planche
IV 67
Planche
VI 69
De
la préhistoire à nos jours 72
Planche
VIII 73
Planche
IX 75